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Crypto-scandale en Argentine : le président Milei face à la justice ?
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Javier Milei : le rôle trouble du président argentin dans l’effondrement du jeton Libra
  • Un emballement spéculatif, une chute vertigineuse et une crise politique : le président argentin Javier Milei se retrouve au cœur d’un scandale majeur lié à la cryptomonnaie Libra. Entre accusations d’escroquerie et menace de destitution, cette affaire fragilise son mandat et soulève des interrogations sur la régulation du secteur.

  • Le 14 février, Javier Milei annonce sur X le lancement du jeton Libra ($LIBRA), une cryptomonnaie développée sur le réseau Solana, censée financer les petites entreprises et start-up argentines. Son message, supprimé quelques heures plus tard, suscite d’abord l’incrédulité, avant de provoquer un afflux massif d’investisseurs. Porté par la notoriété du président, le jeton flambe, atteignant 4,5 milliards de dollars de capitalisation et un pic à 4,56 dollars. Mais en quelques heures, l’euphorie laisse place au chaos : Libra s’effondre de 95 %, chutant à 0,24 dollar. Près de 44 000 Argentins y avaient investi, selon certaines sources.

  • La société Chainalysis révèle que l’adresse de création du jeton et celle détenant l’essentiel des jetons seraient contrôlées par une même clé privée. De plus, Lookonchain identifie 11 portefeuilles créés quelques heures avant le lancement, ayant engrangé 4,8 millions de dollars. Pire encore, Bubblemaps indique que l’équipe derrière Libra aurait généré 87 millions de dollars de profits en quelques heures, accréditant la thèse d’un "rug pull" – une fraude où les créateurs gonflent artificiellement la valeur avant de revendre massivement.

  • Face à la polémique, Javier Milei se défend en assurant ne pas avoir eu connaissance des détails du projet. Lors d’une interview télévisée le 17 février, il affirme avoir agi « de bonne foi » et minimise l’ampleur des pertes, assurant qu’elles concernent seulement 5 000 investisseurs, en majorité étrangers. Plusieurs plaintes ont été déposées, notamment par l’ONG Observatoire du droit de la ville, qui l’accuse d’association illicite et d’escroquerie. Aux États-Unis, le cabinet d’avocats Moyano y Asociados a saisi le FBI, élargissant ainsi l’affaire à une dimension internationale. En Argentine, le Parquet a ouvert une enquête pour déterminer le rôle exact du président et la Casa Rosada (présidence) a saisi le Bureau anticorruption.

  • L’opposition s’empare immédiatement du scandale. Leandro Santoro, membre du parti Union pour la patrie, réclame une procédure de destitution. Pour l’instant, l’issue politique demeure incertaine, mais l’image de Milei est ternie. Bien qu’il bénéficie encore de 56 % d’opinions favorables fin 2024, son positionnement ambigu face aux cryptos interroge, d’autant plus qu’il avait déjà soutenu des projets controversés, comme CoinX en 2021, une plateforme aujourd’hui poursuivie pour fraude.

  • Classée 15e au niveau mondial en termes d’adoption des cryptos, l’Argentine voit sa population se tourner massivement vers ces actifs pour échapper à l’inflation et à l’effondrement du peso. L’arrivée au pouvoir de Milei, pro-Bitcoin déclaré, avait suscité de nombreux espoirs pour l’écosystème crypto local. Derrière l’effondrement de Libra, c’est la question de l’encadrement des cryptomonnaies qui interroge. Entre promesses d’innovation et risques d’arnaques, l’Argentine devra trancher sur l’avenir d’un secteur encore largement dérégulé.
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